La junte malienne utilise des individus présentés comme les autorités traditionnelles à des fins politiques








"Cette photo des prétendues légitimités traditionnelles a été prise à l'ambassade de Turquie à Bamako, le 20 avril 2024, et publiée sur le compte Facebook de l'ambassade."

En exploitant ces individus, prétendument chefs des groupements communautaires dans l'Azawad, pour servir ses propres intérêts politiques, la junte malienne perpétue une pratique coutumière des pouvoirs mandingues qui l'ont précédée à Bamako.

Depuis l'avènement du Mali, les autorités politiques et militaires au pouvoir ont eu recours à l'intimidation, à la répression, aux tactiques de division et à la corruption pour instrumentaliser des représentants de groupements communautaires dans l'Azawad. La junte actuellement au pouvoir ne fait pas exception à cette règle et semble utiliser des stratégies similaires pour consolider sa légitimité. Parmi les personnages qui semblent promouvoir localement cette machine de propagande médiatique, on peut citer le Général intégré Alhaji ag Gamou, actuel Gouverneur de la région de Kidal, Azawadienne.

Ce personnage, apparemment controversé, clivant et analphabète, s'est fait connaître dans la région de Kidal lorsqu'il a kidnappé et pris en otage en 1994 l'Amenokal Intalla ag Attaher. Alhaji, faisant partie des jeunes Touaregs immigrés en Libye dans les années 70 et originaire de Ménaka, a ensuite bénéficié d'un grade d'officier supérieur à la suite du pacte national de 1992. Sur fond de tensions du pouvoir local dans la région de Kidal, il s'investit auprès d'autres personnes apparemment employées par le pouvoir de Bamako et s'engage dans une lutte de clans toujours en cours depuis 1994, selon. Les témoignages.

Selon plusieurs observateurs, face à un manque de soutien populaire sur le terrain, la junte se livre à toutes sortes de manœuvres pour donner l'illusion d'un retour des populations dans les régions de l'Azawad. Par exemple, elle habille ses soldats en civils lors des visites des délégations. Des images ayant circulé sur le net montrent également la distribution de sacs de riz sans autres ingrédients afin de mobiliser les rares civils, notamment des femmes, encore présents dans certaines localités. De plus, les médias d'État, tels que l'ORTM ou les radios locales, sont mis à contribution pour diffuser des images ou des messages conçus et écrits par le militaire à des fins de propagande.

La récente apparition à la télévision malienne de certaines personnes représentant des groupements communautaires habillés en boubou traditionnel lors d'une visite auprès de l'ambassadeur de Turquie au Mali est une démarche propagandiste visant à déformer la réalité. Ces individus, ayant mené la démarche auprès des Turques, cherchent à contredire la réalité du terrain où, selon les observateurs, 99 % des frappes de drones turques utilisés par la junte touchent des civils. Plusieurs sources parlent également de pressions et de menaces exercées sur ces personnes pour mener de telles démarches, en échange de leur sécurité conditionnelle à Bamako.

Durant les mois écoulés, des bergers présentés comme des chefs de groupements ont été poussés à faire des déclarations devant les caméras de l’ORTM pour servir la propagande de la junte. En plus de la menace, les putschistes à la tête de la transition ont fait de nombreuses promesses qui semblent loin de se réaliser selon les données réelles de la situation. Ils minimisent publiquement la menace et comptent s’entourer de Wagner à Koulouba au moment venu, quand le carnet des mensonges sera épuisé. Cette transition militaire, qui a trahi son serment sur le calendrier des élections, n'a selon les observateurs aucune intention de céder le pouvoir par les urnes.

Un des outils employés pour se maintenir serait la propagande et le maintien du Mali dans un état de guerre, créant un mirage de souveraineté sans perspectives. Les signaux d'alerte montrent que les conséquences de cette politique grandissent de jour en jour dans l'environnement proche et lointain, ainsi que dans l'avenir. Plusieurs observateurs estiment que le Mali ne survivra guère aux répercussions démesurées de ses décisions, telles que son retrait immédiat de la CEDEAO, de l'accord d’Alger, l'arrestation d'officiers, l'exclusion des partis politiques, la dissolution des associations confessionnelles, et les exactions contre les civils, ainsi qu'au soi-disant "dialogue". Ce dialogue ne se passe qu’entre des acteurs qui ne sont pas opposés par le conflit armé. Pour certains, c’est une façon de prolonger le pouvoir de la junte.

Depuis son arrivée au pouvoir, la junte militaire à Bamako a déployé une propagande qui évoque des souvenirs sombres des régimes dictatoriaux du passé, y compris celui de l'Allemagne nazie d'Hitler. Cette rhétorique manipulatrice est alimentée par une série de mensonges destinés à justifier son maintien au pouvoir et à détourner l'attention des véritables responsables des atrocités commises au Mali.

Un tournant majeur dans la lutte contre la désinformation a été marqué par la publication d'un ouvrage révolutionnaire par le colonel Alpha YAYA Sangaré, un militaire malien courageux qui a osé défier le récit prédominant de la junte. Dans son livre intitulé "Le Défi du Terrorisme en Afrique", le colonel Sangaré met fin aux fausses accusations portées contre les forces françaises au Sahel. Contrairement à ce que prétend la junte, qui accuse les mouvements de l'Azawad et les troupes françaises de massacres de civils, le colonel malien révèle une vérité dérangeante : ces atrocités sont en réalité perpétrées par l'armée malienne elle-même.

Le récit courageux du colonel Sangaré expose les crimes commis par l'armée malienne et les mercenaires de Wagner, révélant ainsi la véritable nature de ceux qui prétendent défendre la nation. Cette prise de position audacieuse n'a pas été sans risque pour le colonel, car il savait qu'il s'exposait à la torture et aux représailles de la part de la junte pour avoir osé révéler la vérité.

L'ouvrage du colonel Sangaré met en lumière la puissance de la vérité face à la propagande, mais il soulève également des questions fondamentales sur la nature du régime actuel au Mali. La junte militaire, qui prétend défendre les intérêts du peuple malien, est en réalité impliquée dans des atrocités et des crimes contre l'humanité. Son utilisation de la propagande et de la répression pour maintenir son emprise sur le pouvoir est une menace pour la démocratie et les droits de l'homme au Mali.

Le 13 Mai 2024. 

APMA
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